Succomber à toutes les sollicitations
L
e futurologue américain Alvin Toffler développe
longuement dans « Le Choc du Futur » (un best-
seller écrit dans les années 1970) la notion d’«
hyper-
choix
». Cette notion éveille en moi un écho très person-
nel. Ma nature est déjà dispersée. Devoir choisir m’est de
plus en plus difficile, même si je me rends bien compte
que c’est de plus en plus nécessaire.
J’ai dans ma bibliothèque plus de trois mille livres. Or,
il ne m’est pas possible d’en lire correctement plus d’un
par semaine. Je n’en ai ni le temps ni l’énergie intellec-
tuelle.
J’ai également accumulé au fil des ans des centaines de
CD, de DVD, sans compter ceux que je peux louer.
L’abonnement à TPS m’offre près de 200 chaînes que je
pourrais facilement doubler en prenant également un
abonnement à Canal Satellite. Internet m’offre des
milliards de pages de contenu qui se rafraîchissent
chaque jour. Je peux, également grâce à Internet, télé-
charger des milliers de logiciels (alors qu’avec un seul
logiciel intégré, 99 % de mes besoins quotidiens effectifs
sont couverts). Si je désire sortir, je peux, rien qu’à Paris,
faire en une seule journée dix millions de rencontres. Et
si cela ne suffisait pas, la concurrence frénétique entre
compagnies aériennes m’offre aujourd’hui le bout du
monde à prix réduit. Cinq cents millions d’amis au bout
des doigts sur Internet et six milliards dans la réalité.
Ces tentations séduisantes sont plus que de simples
ressources accessibles. Peu à peu elles deviennent actives.
Elles me traquent à leur tour énergiquement. Dès que je
vais sur Internet, je me trouve harcelé à tout moment
par une publicité que je n’ai pas demandée. La logique de
l’économie de marché, aujourd’hui mondiale, fait que