L'art de perdre son temps - page 108

Que faire ? Plus de dix revues s’étalent chaque mois
devant le kiosque à journaux de chaque pays européen,
avec chacune cent idées ou plus d’entreprises à monter,
tandis que des centaines d’autres revues vous proposent
des milliers de loisirs ou d’achats pour vous « délasser »
entre-temps.
Être un forçat du travail n’est plus une vertu. C’est devenu
un comportement désuet, sinon absurde, un vestige du
siècle industriel, où la valeur d’un collaborateur se quan-
tifiait à la quantité de brouettes de minerai qu’il était
capable d’extraire de la mine chaque jour comme
Stakhanov, ce héros abruti du taylorisme soviétique.
On peut, en travaillant une heure par jour, réussir
brillamment dans la vie. Il suffit pour cela de consacrer
les 23 premières heures de la journée à se reposer, à
s’amuser, à se faire plaisir ou simplement, à vivre, et de
consacrer la 24
e
et dernière heure à travailler avec intelli-
gence. Au cours de cette unique heure de travail quoti-
dienne, vous pouvez, au choix, créer une multinationale,
réécrire la Bible ou vivre une histoire d’amour digne des
Mille et une nuits.
Cela devrait suffire à donner à votre vie suffisamment de
« valeur ajoutée » pour lui donner une « valeur absolue ».
Vous pouvez devenir (comme Darwin au XIX
e
siècle),
l’un des personnages les plus intéressants du XXI
e
siècle en travaillant simplement une heure par jour.
Trois recommandations s’imposent toutefois, pour que
cette unique heure de travail devienne aussi rentable que
vous pourriez le souhaiter :
La première est de scinder cette unique heure de tra-
vail en deux moitiés de durée à peu près identiques.
Puis de consacrer la première demi-heure tout entière
à réfléchir avec intelligence à ce que vous allez effecti-
vement faire dans la seconde.
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