Soyez prisonnier de votre fauteuil
L
e chef n’est plus ce qu’il était. L’information étant
chaque jour plus abondante, plus fluide, le chef à
l’ancienne paralyse l’organisation bien plus qu’il ne la
sert. En vérité, le métier a changé :
Les nouveaux chefs ne sont plus vraiment des chefs.
Ce sont plutôt des organisateurs, des rassembleurs, des
formateurs, des intégrateurs.
A contrario
, il n’y a rien non seulement de plus ana-
chronique, mais aussi de plus pénible que la rencontre
d’un « petit chef » qui se prend au sérieux. Les vérités
éternelles rejoignent ici les tendances conjoncturelles.
Les gens qui se prennent le plus au sérieux sont d’ailleurs
le plus souvent de petits cadres ou de petits patrons
incompétents. Il n’y a pas de meilleure manière de démo-
biliser tout votre personnel que de jouer au petit chef,
c’est-à-dire au grand patron.
Procurez-vous donc des cigares. Des énormes,
des irrespirables. Débrouillez-vous pour prendre
du ventre (je ne saurais trop vous recommander
les pâtes, assorties de grosses tartines au beurre).
Revenez tard du restaurant, faites du golf pen-
dant que les employés travaillent, raccompagnez
tous les jupons à leur voiture en leur contant une
fois de plus vos « débuts » héroïques. Soyez
intransigeant sur les questions de forme.
Ayez beaucoup de « principes », l’avenir est
dans les principes. Battez-vous pour des ques-
tions de forme. Soyez impitoyables sur les petites
choses, laxistes sur les grandes. Demandez des
excuses quand on vous manque de respect.
Soyez plus exigeant sur le respect de votre statut
(de patron) que sur l’effort consacré au travail.