excellentes, même (et surtout) si vous passez ensemble
des week-ends, si vos femmes se font des confidences sur
le canapé du salon pendant que l’un de vous fait visiter à
l’autre son jardin, vous devez vous méfier. Une absence
de méfiance serait ici une faute professionnelle impar-
donnable.
Des mauvaises langues disent que lorsqu’une relation
avec un fournisseur ne pose aucun problème, une
inflation annuelle de 5 % se développe spontanément.
Si vous voulez vous en convaincre, vous n’avez qu’à
demander chaque année un devis au concurrent direct
de vos deux ou trois plus gros fournisseurs actuels.
Où croyez-vous que vos fournisseurs font cette marge
qui leur permet de bien payer leur dirigeant, d’offrir un
treizième mois aux salariés, de payer leur agence de
publicité, de rénover leur parc de machines ? Croyez-
vous que ce soit sur les tout nouveaux clients qui, eux,
font obligatoirement des devis comparatifs et qu’on ne
pourra convaincre que par des prix défiant toute concur-
rence ? Avoir un seul fournisseur de matériaux, un seul
banquier, un seul fournisseur de matériel de bureau, un
seul comptable représente pour l’entreprise pire qu’un
risque : c’est une faute.
L ’« entreprise monoproduit » est encore plus fragile.
Certes, elle jouit auprès de sa clientèle d’une image de
spécialiste, ce qui va dans la tendance du siècle. Mais la
dépendance — et donc la vulnérabilité de l’entreprise —
s’oriente cette fois non plus en direction d’un client, mais
du métier, c’est-à-dire de la raison d’être de l’entreprise.
Du jour où le produit tombera en désuétude, l’entreprise
n’aura plus qu’à disparaître.
Tous les professionnels du marketing connaissent bien la
fameuse « courbe de vie » d’un produit, avec ses phases
bien connues de lancement, de décollage, de maturité et
de déclin qui font penser un peu à la vie d’une civilisation
et de saborder son entreprise
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