et de saborder son entreprise
79
Un second modèle, plus proche encore de ce type d’orga-
nisation, fait sous nos yeux chaque jour ses preuves.
Il s’agit de toutes les activités associatives. Leur nombre,
et bien souvent leur remarquable productivité, eu égard
aux maigres investissements dont elles disposent en
général, démontrent que, même sans l’aiguillon du pro-
fit, une organisation peut fonctionner, équilibrer des
hommes par un travail organisé et fournir une produc-
tion utile à la collectivité.
On peut imaginer un système social assis, non comme le
nôtre sur quelques grands organismes publics bureaucra-
tiques et centralisés, mais sur une myriade de petites
associations effectuant des services sociaux, écologiques,
éducatifs, scientifiques ou artistiques semi-marchands au
service de la collectivité. On peut imaginer que ces asso-
ciations soient subventionnées par les mairies, les
régions, l’État, l’Europe ou le monde entier et qu’une
sorte de « Cour des comptes » locale, indépendante et
impartiale, en surveille étroitement la gestion.
L’illustration la plus saisissante de ce modèle serait son
application au système éducatif en France. Imaginons un
instant une suppression pure et simple de l’Éducation
nationale et son remplacement par un maillage
complexe de petites entreprises privées et d’associations
loi 1901 subventionnées par la commune, la région ou
l’État. L’ensemble trouve sa cohérence autour d’un
ministère ou d’organisations gouvernementales qui
rédigent des programmes, financent des projets,
analysent les comptes et sanctionnent les échecs. Chaque
entité de ce réseau conserve toutefois une grande
autonomie en termes d’initiatives, d’horaires, d’embau-
ches, de licenciements, de sanctions ou de récompenses.
Les collaborateurs de l’Éducation nationale sont bien
entendu récupérés par ce nouveau système, mais écartés
s’ils sont mauvais.