Maintenez-les dans l’ignorance (la paix sociale
est à ce prix). Gardez jalousement dans vos
poches toutes les clefs des armoires et dans votre
mémoire le mot de passe de tous les logiciels et
toutes les informations de l’entreprise.
Ignorez avec mépris les idées, sentiments,
désirs et inquiétudes de vos collaborateurs. Les
hommes, c’est bien connu, sont de la pâte à
modeler. Avec de la « bonne volonté », n’importe
qui peut s’éclater dans n’importe quelle tâche.
Évitez soigneusement de donner à vos colla-
borateurs l’impression que leur vie prend un
sens au travail. Il y a tellement de chômage en ce
moment qu’ils n’ont pas à broncher. Ils ont la
chance d’avoir un salaire. Cela doit leur suffire.
Écartez toute possibilité de progression tech-
nique d’un collaborateur au sein de l’entreprise.
Puisqu’il exécute correctement sa tâche, qu’il y
reste !
Soyez toujours derrière
le dos de vos collaborateurs
J
e crois que la société française est l’une des plus
névrosées du monde. Ce n’est pas pour rien que
nous avons toujours, en revenant de voyage, l’impres-
sion que nos concitoyens sont terriblement tristes,
susceptibles, agressifs et stressés (tout cela va ensemble).
Ce n’est pas par hasard que nous battons le record mon-
dial de consommation de tranquillisants.
Je crois que l’une des causes du problème tient dans
la façon dont les petits Français sont éduqués au sein de
leur famille, puis à l’école, enfin dans l’entreprise. Une
contradiction fondamentale éclate ici de tous ses feux :
et de saborder son entreprise
25