Soyez impitoyable dans la critique
et réticent au compliment
I
l n’y a pas de plus grande souffrance que celle de
ne pas s’aimer soi-même, et c’est seulement lorsque
l’on sent qu’on plaît aux autres, que l’on commence à se
plaire à soi-même. Priver ses collaborateurs de tout
encouragement, c’est donc non seulement un moyen
assuré de les démotiver, mais également une astuce
infaillible pour les empêcher de grandir. Toute éducation
efficace s’appuie sur deux principes complémentaires :
la valorisation et la sollicitation. Il en découle que le
meilleur moyen de faire régresser ses collaborateurs,
comme d’ailleurs aussi ses étudiants, ses propres enfants
et même son conjoint, c’est de les solliciter et de les valo-
riser le moins possible.
Tous les hommes ne sont, au départ, que le fruit de la
pensée des autres, du regard des autres, du discours
des autres. Élisabeth est laide parce que, depuis qu’elle
est bébé, il n’y a pas un seul jour de sa vie où quelqu’un
ne lui a pas fait sentir qu’elle était laide. Alors,
inconsciemment, elle a tout fait pour devenir laide. Mais
toi, tu peux si tu le veux, faire sortir Élisabeth de son
enfance où elle croupit, la faire grandir et peut-être
même fleurir. Il suffit pour cela de lui dire par exemple
chaque jour pendant quelques mois que tu es profondé-
ment touché par la beauté de son regard. Il est alors utile
de détailler le fond de ta pensée et de lui expliquer préci-
sément pourquoi tu trouves que son regard est beau.
Les compliments les plus porteurs sont ceux auxquels on
s’attendait le moins et qui sont longuement expliqués.
De même qu’un bon thérapeute c’est d’abord un compli-
menteur adroit (et non une poupée de cire à la Rogers),
le succès d’une formation comportementale dépend
et de saborder son entreprise
105