L’art de démotiver ses collaborateurs
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peut plus contrôler. Il a pris « la grosse tête », il se prend
« pour quelqu’un ». En d’autres termes, vous pouvez être
à peu près sûr que si vous faites le moindre compliment
à un de vos collaborateurs (surtout s’il est encore jeune
ou influençable), il va se mettre, dans les jours ou les
semaines qui vont suivre, à vous demander une augmen-
tation, c’est-à-dire brutalement à se mettre à travailler
« pour l’argent » et non plus pour vous-même.
Mettez donc tout en œuvre — dans leur propre intérêt —
pour empêcher vos collaborateurs de devenir trop
« fiers » et de succomber à l’attrait de l’argent. D’ailleurs,
l’argent ne fait pas le bonheur. Vous ne le savez vous-
même que trop. Vous vous entendiez bien mieux avec
votre femme quand, jeune encore, vous possédiez bien
moins d’argent qu’aujourd’hui.
Rejetez donc toutes les fautes sur vos collaborateurs, mais
prenez tous les mérites à votre compte. Apparemment
cela n’est pas très gentil, mais cela présente en fait deux
avantages énormes :
1)
Cela leur rappelle en permanence qu’il n’y a qu’un
patron — ou mieux, qu’une patronne — dans l’entreprise
et que ce patron — ou mieux, cette patronne — c’est
vous.
2)
Cela les empêche — dans leur propre intérêt — de
devenir trop fiers.
Il va de soi que si vous avez une critique à faire, il y a un
art de faire de la critique. On peut même affirmer qu’il en
est des critiques comme des compliments ou des
cadeaux. La manière de les faire importe plus que le
cadeau lui-même.
D’une manière générale, si vous souhaitez briser l’orgueil
de vos collaborateurs, évitez soigneusement de céder à la
tentation, quelquefois naturelle, de les valoriser :