2) La Segmentation
La « segmentation » est tout bêtement ce qu’on appelle
aussi la capacité d’analyse. On fractionne une notion en
plusieurs plus petites. Dans un livre célèbre, Platon
explique par exemple que dans l’amour, il y a deux
notions distinctes et même contradictoires. Ce qu’il
appelle Eros, c’est-à-dire le besoin de donner, et ce
qu’il appelle l’Agapé, c’est-à-dire le désir de posséder. En
d’autres termes aimer, c’est tantôt le désir de faire tout ce
qu’on peut pour contribuer au bonheur de celui ou de
celle qu’on aime, tantôt le désir secret d’enfermer l’Autre
dans un placard. Napoléon, c’est 3 millions de morts,
mais c’est aussi le Code civil plus l’organisation adminis-
trative de la France moderne. Le Vert, c’est du bleu plus
du jaune, etc.
Celui qui ne sait pas ou ne veut pas segmenter sombre
régulièrement dans la « confusion ». La confusion est
une manière de penser faux qui consiste à extraire
rapidement, voire instantanément, des règles générales
à partir d’un nombre de cas particuliers insuffisant, voire
ridicule.
On dit que, lorsqu’au Moyen Âge, un habitant de Calais
vit débarquer le premier soldat anglais, celui-ci avait les
cheveux roux. Très vite, l’habitant de Calais en tira un
principe :
« Tous les Anglais ont les cheveux roux ».
Ce fut une nouvelle qui se répandit à Calais, puis dans la
France tout entière à la vitesse d’une comète. C’était clair,
c’était net : tous les Anglais avaient les cheveux roux.
La civilisation médiatique accentue encore ce risque
d’erreurs. Ses outils grossiers, comme la télévision,
présentent un déséquilibre fabuleux entre la puissance
d’impact (un milliard de Terriens ou vingt millions de
L’art de démotiver ses collaborateurs
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